Lorsque je repris conscience,
mon premier réflexe fut de gonfler mon ventre. Je n'ai pas pu
faire de profonde inspiration tellement la douleur était grande
mais le peu que j'ai pris m'a comblé de joie. Je fus surprise
de ressentir tout de suite la différence : c'était donc
cela respirer avec des poumons sains : plus de gènes, plus de
fatigue...
Je décidai alors
d'ouvrir les yeux et mon voeu le plus cher fut exaucé : la première
personne que je vis fut mon mari. Il m'informa de mon état :
j'avais les mains attachées, j'étais intubée (l'extubation
eut lieu quatre jours après), sous ventilation contrôlée,
j'avais une sonde gastrique, une sonde urinaire, deux drains de chaque
côté et un redon sous chaque aisselle.
Commença alors une semaine pénible : le mot douleur associé
au mot souffrance ne suffisent pas pour d'écrire l'état
dans lequel je me trouvais en réanimation. Moi qui sais plutôt
faire face à la douleur, je me suis surprise à gémir
tel un petit chien tellement la douleur était intense. Rien ne
me calmait véritablement.
Malgré
cela, je n'ai jamais perdu espoir : je me disais que dans un futur proche,
ces douleurs disparaîtraient et qu'elles ne seraient plus qu'un
mauvais souvenir. Mon mari me fut d'un grand soutien : il n'arrêtait
pas de me parler pour me rassurer. Sa voix calme et douce m'apaisait.
Le séjour en réanimation ne fut pas une partie de plaisir.
Outre les douleurs duesà l'opération, il fallait supporter
l'indélicatesse de certains personnels soignants. Je trouve dommage
que dans de tels services, certaines personnes ne nous manipulent pas
avec ménagement. Ma vie en réa fut rythmée par
de multiples prises de sang, prise de la température toutes les
trois heures, pesées à l'aide d'un treuil, radiographies
pulmonaires, fibroscopies bronchiques... J'angoissais
un peu avant la fibroscopie, n'en ayant jamais eu auparavant. Finalement,
je dois admettre que c'est un acte médical désagréable
mais non douloureux.
Après neuf jours en réa, je fus menée dans le service
de chirurgie thoracique. J'avais toujours mes quatre drains, ma péridurale,
une perfusion et de l'oxygène (2 l/min).Je garde un excellent
souvenir de mon séjour en chirurgie thoracique : le personnel
fut d'une gentillesse qui je pense a concouru à mon rétablissement.
La première semaine, je suis restée couchée : les
drains rendaient toute autre position douloureuse. Les jours ont passé
: on me retirait petit à petit les drains (sur les quatre, un
seul m'a fait mal lorsqu'il fut retiré), la péridurale,
la perfusion. On diminua progressivement mon débit d'oxygène
jusqu'à suppression totale. Je retrouvais une autonomie : je
pouvais de nouveau me laver, aller aux toilettes seule, et ce sans effort
particulier. Lorsque j'étais alitée, je bougeais beaucoup
mes jambes et mes pieds, ce qui m'a permis de ne perdre trop de muscles.
La reprise de la marche et la montée des escaliers ne fut pas
éprouvant pour mes muscles.
La moitié de mes agrafes furent ôtées le 21ème
jour de mon hospitalisation, l'autre moitié le 22ème jour.
Le même jour je fis des EFR avec un test à l'effort. Au
vu des résultats, le pneumologue décida que je pouvais
l'hôpital dès le lendemain.