I- LES GREFFES
Voilà longtemps que
nous nous préoccupons de ce sujet et que, pour permettre le développement
des greffes, nous avons fait un choix, celui du consentement présumé.
En 1994, une impulsion nouvelle à la greffe d'organe a été donnée grâce
à l'Etablissement français des greffes, dont je dois souligner les efforts,
notamment le plan 15-20 entrepris ces dernières années à l'instigation
de Didier Houssin. Malgré ces efforts, nous ne sommes pas parvenus à
régler le problème de la pénurie d'organes à greffer.
A ce problème, le projet
de loi choisissait de répondre en élargissant sans précaution le champ
des donneurs vivants aux personnes ayant " un lien étroit et stable
" avec le receveur. Une telle orientation fait naître en moi les plus
grandes craintes : comment s'assurer que le donneur ne fait pas l'objet
de pressions morales plus ou moins subtiles ? Comment vérifier que le
principe de non-commercialité du corps n'est en aucune manière bafoué
? Quelle définition donner à ce " lien étroit et stable " ?
Au regard des centaines
de malades qui décèdent chaque année en France à cause du déficit de
greffons, je crois qu'un effort s'impose pour élargir le cercle des
donneurs vivants potentiels, notamment aux personnes en mesure d'apporter
la preuve de deux ans de vie commune avec le receveur, mais en délimitant
clairement les liens de parenté et les conditions de consentement.
Je m'interroge aussi
pour savoir s'il ne faut pas, dans certaines circonstances, protéger
les gens contre leur propre générosité.
Permettez-moi d'évoquer
un cas concret. Prenons un jeune homme de trente ans, sollicité pour
donner la moitié de son foie à son cousin germain, en insuffisance hépatique
gravissime ; il s'avère être le seul donneur vivant potentiel alors
qu'il a la charge de deux enfants.Mais
s'il mourait, ce qui n'est pas exclu dans ce genre d'intervention, ou
s'il en était définitivement amoindri, qui assumerait la responsabilité
de l'éducation des deux enfant ?
Manière de dire que
si on ne peut qu'être touché par un geste de don qui procède d'un élan
de générosité spontanée, il faut aussi savoir se rendre attentif aux
risques encourus par les individus, quand leur geste altruiste engage
d'autres personnes.
Dans un tel cas de
figure, il nous faut donc demander que la décision du donneur soit assortie
du consentement de la personne avec laquelle il partage l'autorité parentale.
Cet exemple nous montre aussi, c'est le deuxième point de mon propos,
que le prélèvement sur les vivants pose toujours de graves difficultés
et que le don entre vifs doit absolument avoir un caractère subsidiaire
par rapport au don cadavérique.
Certains pays, comme
l'Espagne, arrivent à couvrir les besoins de la transplantation avec
leurs seuls prélèvements cadavériques. Pour progresser dans cette voie,
il nous faut rendre pleinement effectif le régime actuel de consentement
présumé des personnes décédées, notamment par une politique d'information
plus active.
On sait bien que la
loi ne requiert qu'un témoignage et non, à proprement parler, l'autorisation
des familles.
Toutefois, lorsque
le médecin demande à la famille si elle sait si le défunt était ou non
opposé au prélèvement, elle ne connaît le plus souvent pas la réponse
et demande de ne rien faire. Même s'il en a le droit, dans ces conditions,
le médecin ne prélève pas.
Il faut impérativement
trouver le moyen de rassurer les familles en deuil sur la connaissance
qu'avait la personne disparue du régime du prélèvement d'organes.
Je souhaite, pour cela,
que la loi prévoie que toute personne, entre ses 16 et ses 25 ans, doit
être informée du but du don d'organes après le décès et du régime du
consentement.
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Greffes et don d’organes
Les amendements proposés
par le gouvernement visent à rendre plus effectif le système actuel
qui régit les dons d’organes et ainsi de remédier à la pénurie de greffons.
1/ Améliorer l’information
sur le don d’organes
C’est le sens de l’amendement
gouvernemental qui vise à systématiser la délivrance d’une information
auprès des patients âgés de 16 à 25 ans par le biais du corps médical
sur les modalités du consentement au don d’organes à fin de greffes.
Ayant alors la certitude que l’information a bien été donnée, que la
personne ne s’est pas inscrite sur le registre des refus, il y aura
lieu de penser qu’elle était tacitement consentante, comme le prévoit
la loi. Cela permettra de rassurer les familles en deuil sur la volonté
du défunt et d’obtenir alors leur aval.
2/ Elargir, en l’encadrant,
le champ des donneurs vivants
Pour répondre au problème
grave posé par le déficit de greffons, le texte adopté par l’Assemblée
nationale choisissait d’élargir le champ des donneurs vivants
aux personnes ayant " un lien étroit et stable " avec le receveur, sans
définir précisément ce " lien étroit et stable ". Face aux centaines
de malades qui décèdent chaque année faute de greffons, le gouvernement
reste favorable à l’extension du don d’organes mais souhaite délimiter
clairement les liens de parenté et les conditions de consentement.
Pour éviter que cette extension
du champ des donneurs n’aboutisse à des dérives commerciales, à d’importantes
pressions morales au sein des familles, ou à une générosité spontanée
qui se retourne contre le donneur lui même en charge de responsabilités,
le gouvernement propose donc des amendements visant à :
A/ conditionner le
don d’organe, par une personne ayant des enfants mineurs à charge,
à l’accord du conjoint ou du concubin, dans le cas de prélèvement
d’organes sur personne vivante.
B/ étendre le champ des
donneurs vivants aux grands-parents, oncles et tantes, cousins germains
et aux personnes pouvant attester d’une vie commune de plus
de deux ans avec le receveur, ainsi qu’aux beaux-parents au bénéfice
d’un enfant de leur conjoint pour tenir compte des familles
recomposées.
C/ étendre le champ
des donneurs mineurs de moelle osseuse aux oncles, tantes,
neveux ou nièces de la personne malade en attente de greffe, c’est-à-dire
au premier cercle familial.
D/ étendre le champ
des donneurs majeurs protégés de moelle osseuse aux cousins,
cousines, oncles, tantes, neveux ou nièces de la personne malade en
attente de greffe.

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