Article sur "la Traverse de la Barrière de Mucus" en Thérapie génique dans les recherches sur la mucoviscidose

Source: http://sciencenow.sciencemag.org/cgi/content/full/2002/1025/3
merci à maman Viviane de nous avoir communiqué cet article et à Thierry le, traducteur de muco.fr, de nous avoir donné la version française...

Traverser la Barrière de Mucus
(Mise en ligne le 5 Novembre 2002)

La mucoviscidose est une cible de choix pour la thérapie génique car un seul gêne défectueux entraîne la surproduction de mucus menaçant les poumons. Mais ce même mucus a jusqu'à présent empêché la transmission de gênes sains dans les cellules pulmonaires. Les chercheurs ont constaté que le fait de traiter les voies respiratoires à l'aide d'un composé naturel qui amincit le mucus prépare les cellules à la thérapie génique.

Le gêne défectueux encode une protéine appelée CFTR qui transporte les ions chlore dans les membranes cellulaires. Ces canaux ne fonctionnent pas correctement chez les mucoviscidosiques, entraînant un déséquilibre chimique conduisant les cellules tapissant les poumons à sécréter trop de mucus. Les mucoviscidosiques ont alors des problèmes respiratoires et sont enclins à des infections.

Pour introduire des gênes dans les cellules pulmonaires, les scientifiques de l'Adelaide Women's and Children's Hospital en Australie se sont tournés vers un composé naturel des voies respiratoires semblable à un détergent rendant le mucus plus fin et plus fluide. Les chercheurs ont pulvérisé ce composé appelé lysophosphatidylcholine (LPC), dans les narines de souris mucoviscidosiques. Une heure après, ils ont transmis une version modifiée du VIH portant le gêne CFTR. Contrairement à beaucoup de virus, le VIH peut transmettre des gênes à des cellules qui ne se divisent pas - un point important dans les voies respiratoires, où moins d'un pour cent des cellules se divise à n'importe quel moment donné.

Chez les souris traitées avec le LPC, le gêne CFTR était toujours présent dans les cellules nasales jusqu'à 92 jours après et le transport d'ion chlore s'est amélioré pendant au moins 110 jours, comme le rapporte l'équipe de chercheurs dans le numéro de novembre de Human Gene Therapy. A l'opposé, les souris ayant reçu le gêne sans LPC n'ont pas connu d'amélioration. L'amélioration globale semble indiquer que le VIH a transmis le gêne à plusieurs cellules ne se divisant pas. En outre, la durée de l'effet suggère que la thérapie génique s'est également transmise aux cellules qui se divisent - autre signe prometteur d'un traitement à long terme, déclare le biologiste moléculaire Donald Anson, a co-auteur de l'étude.

Alors que ces découvertes semblent prometteuses, de futures études devront relever le défi bien plus important consistant à transmettre les gênes aux zones les moins accessibles des poumons, comme le dit Andrew Lever, chercheur spécialiste en rétrovirus au Addenbrooke's Hospital à Cambridge, Royaume-Uni.

XAVIER BOSCH


VO:

Breaking the Mucus Barrier

Cystic fibrosis is a prime target for gene therapy, because just a single defective gene causes the surplus of mucus that threatens the lungs. But that same mucus has also stymied the delivery of healthy genes to lung cells. Now, researchers have found that conditioning the airways with a natural compound that thins the mucus primes cells for gene therapy.

The defective gene encodes a protein called CFTR, which channels chloride ions through cell membranes. These channels don't function properly in people with cystic fibrosis, leading to a chemical imbalance that causes cells lining the lungs to secrete too much mucus. As a result, people have problems breathing and are prone to infection.

To sneak genes into the lung cells, scientists at the Adelaide Women's and Children's Hospital in Australia turned to a natural, detergent-like component of airways that makes mucus thinner and runnier. The researchers squirted the compound, called lysophosphatidylcholine (LPC), into the nostrils of mice with cystic fibrosis. An hour later, they delivered a modified version of HIV carrying the CFTR gene. Unlike many viruses, HIV can deliver genes to nondividing cells--an important consideration in the airways, where fewer than 1% of cells are dividing at any given time.

In mice treated with LPC, the CFTR gene was still present in nasal airway cells up to 92 days later and chloride ion transport was improved for at least 110 days, the team reports in the November issue of Human Gene Therapy. In contrast, mice given the gene without LPC didn't improve. The overall improvement seems to indicate that HIV delivered the gene to many of the nondividing cells. Moreover, the length of the effect suggests that the therapeutic gene was also passed on to dividing cells--another promising sign for long-lasting treatment, says molecular biologist Donald Anson, a co-author of the study.

While the findings look promising, future studies will have to tackle the "much more challenging" problem of delivering genes to the furthest reaches of the lungs, says retrovirus researcher Andrew Lever at Addenbrooke's Hospital in Cambridge, United Kingdom.

XAVIER BOSCH