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Dossier
sur la suppression programmée du remboursement de la colimycine
par la sécurité sociale.
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Article de presse
du vendredi 11 octobre 2002 |
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Colimycine : Mattei renonce au déremboursement Alerté par une lectrice, l'Humanité avait poussé un cri d'alarme et mis le dossier sur le devant de la scène. L'annonce du ministre est une première victoire mais les associations de malades de la mucoviscidose restent mobilisées. Dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2003 (PLFSS), Jean-François Mattei, ministre de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées, a prévu de dérembourser, sur trois ans, les quelque 650 médicaments à service médical rendu (SMR) insuffisant. Outre que cette politique risque tout simplement de condamner certains médicaments et de pousser certains laboratoires à mettre la clé sous la porte, tout en stimulant la prescription d'autres médicaments remboursés, mais plus chers, un petit scandale couvait : la Colimycine, prescrite en aérosolthérapie dans le traitement de la mucoviscidose, figurait sur cette liste de médicaments indignes. · moyen terme, et en dépit de la prise en charge à 100 % de cette grave affection par l'assurance maladie, la Colimycine ne serait donc plus remboursée. Et les patients devraient, soit se reporter sur le Tobi, un autre médicament, plus récent, mais qui revient seize fois plus cher à l'assurance maladie en raison de sa commercialisation via l'hôpital ; soit, pour ceux qui ne supportent pas le Tobi, débourser les 160 euros par mois que coûte la Colimycine. · supposer toutefois que celle-ci survive sur le plan industriel à la disgrâce du déremboursement. Pourtant, pas de doute : la Colimycine est efficace. Médecins et patients n'en démordent pas. C'est pourquoi, exaspérée, la mère d'une jeune femme atteinte de la maladie, a alerté l'Humanité, il y a dix jours. Après confirmation de l'intérêt de la Colimycine, notre journal a réalisé deux pages sur le sujet, le 2 octobre dernier. · la lecture du sujet, Guy Fischer, sénateur communiste du Rhône proche des associations qui luttent contre la mucoviscidose, a adressé une question écrite à Jean-François Mattei. Qui s'est finalement exprimé sur la question, avant-hier, devant la commission des Affaires sociales et la commission des Finances de l'Assemblée nationale, lors de son audition sur le PLFSS 2003. Il a expliqué, comme nous le détaillions également dans notre enquête, que le classement de la Colimycine dans les médicaments à SMR insuffisant tenait à son évaluation dans ses seules indications officielles, c'est-à-dire les infections uro-génitales, septicémiques et méningées, et les diarrhées. Dans le cadre de ces maladies, administrée en injection ou par comprimé, la Colimycine est un antibiotique effectivement devenu obsolète. Mais, a reconnu le ministre, au cours de son " existence ", la Colimycine a connu un usage dérivé, et très efficace, sous forme d'aérosol, dans le traitement de la mucoviscidose. Elle n'est d'ailleurs plus prescrite que pour cette pathologie. Malgré cette évolution, Aventis, le laboratoire qui la commercialise, n'a pas jugé bon de faire modifier ses indications. D'où un imbroglio qui met en lumière la légèreté avec laquelle s'est établie la liste des médicaments à dérembourser : malgré son impact réel sur les symptômes pulmonaires de la mucoviscidose, la Colimycine était en passe de sortir du champ des remboursements pour cause de SMR insuffisant. Une véritable aberration pour ceux qui vivent la maladie au jour le jour. Devant la mobilisation, notamment des associations, Jean-François Mattei, mettant même en avant sa qualité de généticien et de pédiatre, a assuré avant-hier que la Colimycine ne serait " évidemment pas déremboursée " dans le cadre du traitement de la mucoviscidose. Une nouvelle dont on ne peut que se réjouir. Mais, comme le soulignent de jeunes malades adultes qui ont lancé une campagne d'information sur ce danger du déremboursement, " nous avons gagné une bataille, et c'est un grand pas. Mais nous n'avons pas gagné la guerre. Alors non, nous ne lâcherons pas la pression ! Il en va de la vie de nombre d'entre nous ". Anne-Sophie
Stamane |
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